RECRUTEMENT DES ÉLÈVES-MAÎTRES : ENTRE OBJECTIFS ANNONCÉS ET DÉFIS RÉELS

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment publié les quotas de recrutement pour les élèves-maîtres dans le cadre du Concours de recrutement des élèves-maîtres (CREM) 2024. Selon cette note, 4000 postes sont à pourvoir, répartis entre les options Français, Arabe, Daara, et Anglais. Ces chiffres viennent avec des objectifs ambitieux : 3000 recrutements pour l’option Français, 500 pour l’Arabe, 25 pour Daara, et 475 pour l’Anglais. Toutefois, une lecture attentive soulève des préoccupations quant à l’adéquation entre ces objectifs et les réalités du terrain éducatif.

Un déséquilibre dans la répartition des postes

La part massive accordée à l’option Français (3000 postes) est compréhensible compte tenu de son rôle prépondérant dans le système éducatif sénégalais. Cependant, les chiffres destinés aux autres options, notamment Daara (25) et Anglais (475), posent question.

Option Daara : Avec seulement 25 recrutements, la place accordée à l’éducation religieuse dans les daaras semble marginalisée, malgré le rôle important qu’elle joue dans la formation des jeunes générations.

Option Anglais : Le besoin en enseignants d’anglais est criant, surtout avec l’introduction de cette langue dans les écoles primaires. Limiter les recrutements à 475 pourrait compromettre cet objectif stratégique.

Des quotas face à une réalité alarmante

Le tableau montre que 10 400 candidats seront présélectionnés pour concourir, soit plus du double des postes à pourvoir. Une telle situation, si elle témoigne de l’intérêt des jeunes pour le métier d’enseignant, reflète également un problème structurel : la capacité du système à absorber ces aspirants dans des conditions décentes. Le SELS/A s’interroge sur la capacité réelle du ministère à gérer cet afflux massif de candidats sans compromettre la qualité de la formation.

Le défi des conditions de travail

Recruter est une chose, mais assurer de bonnes conditions de travail pour les enseignants en est une autre.

Surimposition et lenteurs administratives : Le SELS/A rappelle que de nombreux enseignants, une fois recrutés, font face à des lenteurs dans l’intégration administrative et à des conditions fiscales injustes, notamment la surimposition des rappels.

Manque de prise en charge sociale : Le faible nombre de postes prévus pour certaines options pourrait accentuer la précarité des enseignants dans ces filières.

Revendications du SELS/A

Pour que ce recrutement ait un impact réel, le SELS AUTHENTIQUE demande :

  1. Une augmentation des quotas pour les options sous-représentées (Anglais, Daara) afin de répondre aux besoins réels du système éducatif.
  2. Une prise en charge rapide et équitable des enseignants recrutés, notamment sur les plans administratif et salarial.
  3. Une meilleure planification à long terme, avec un recrutement annuel systématique pour réduire le déficit structurel d’enseignants.

En conclusion, le recrutement de 4000 élèves-maîtres est un pas en avant, mais il ne doit pas être une solution cosmétique. Le SELS AUTHENTIQUE reste mobilisé pour un système éducatif inclusif, équitable et valorisant pour ses acteurs.

SELS/A

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