À Air Sénégal, ce n’est pas encore le grand décollage. Les travailleurs se sont fendus d’une note d’alerte, visant ainsi à informer les autorités, le personnel et l’opinion publique, afin d’encourager une prise de décision urgente et responsable. Premièrement, le personnel parle d’une dette financière colossale. Et c’est c’est pour dire : Les données révèlent une dette colossale, se chiffrant désormais en centaines de milliards de FCFA. Elle concerne essentiellement les fournisseurs, partenaires financiers et sous-traitants.”
À en croire le document, “cette dérive remonte historiquement aux choix d’achats d’avions opérés à l’encontre des recommandations du Business Plan initial. Mais aussi, une frénésie suspecte d’affrètements d’avions ACMI (location avec équipage) dans des conditions souvent désavantageuses.” D’ailleurs, rappellent les travailleurs, en avril 2025 déjà, la Direction dénonçait cette pratique qui aurait coûté plus de 60 milliards FCFA.
Les délégués du personnel d’Air Sénégal ont sorti une note d’alerte faisant état d’une dérive financière sans précédent
Paradoxalement, constate le personnel, cette même Direction continue d’entretenir un niveau de location ACMIs élevé. “Depuis janvier 2025, la compagnie a déjà eu recours à une dizaine de loueurs afin d’assurer des opérations diverses, pour lesquelles la rentabilité est non confirmée mais très peu probable. La dérive financière est désormais palpable au quotidien : trésorerie exsangue, retards de salaires, menaces des fournisseurs et perte de confiance des partenaires et clients”, déplorent les travailleurs de la Compagnie.
A en croire les travailleurs, “les décisions managériales ont conduit à une désorganisation totale de la flotte”
Deuxièmement, les délégués du personnel évoquent une flotte désorganisée. Pour preuve, ils diront : “En Août 2024, Air Sénégal exploitait 4 avions opérationnels sur une flotte de 8. Aujourd’hui, un seul appareil, de type ATR72, est en service. Les décisions managériales ont conduit à une désorganisation totale de la flotte.” Ce n’est pas tout, ils poursuivent : “Les deux Airbus A330-900NEO, jadis symboles du prestige d’Air Sénégal, sont immobilisés au sol l’un à Dakar, l’autre à Rome depuis plusieurs mois, faute de moyens pour financer leur maintenance et honorer les échéances du prêt ayant servi à leur acquisition. Il s’agit pourtant de charges parfaitement prévisibles par une planification opérationnelle et financière conforme.”
Face à cette situation peu reluisante, le personnel souligne que la Direction a choisi de louer un Boeing 777, avec équipage, âgé de 22 ans, pour assurer la liaison Dakar-Paris. “Les coûts d’exploitation directs de ce type d’avion sont jusqu’à 30% plus élevés que ceux de l’A330-900NEO. Un surcoût qu’Air Sénégal ne peut équilibrer au vu du taux de remplissage suboptimal depuis plusieurs mois”, dénoncent-ils.
“Une communication défaillante, un organigramme surchargé, un surcoût économique difficile”
Mieux ou pire, poursuivent les délégués, la flotte régionale, initialement composée d’Airbus A319 et A321 a été retirée début juillet 2025, à la suite d’un différend avec le groupe Carlyle. “Pour compenser, Air Sénégal a affrété 3 Airbus A320 avec équipage auprès de la société GetJet. Cette décision visiblement prise dans l’urgence occasionne une charge mensuelle exprimée en millions de dollars et la Direction ne semble pas vouloir changer son orientation. Une location coque-nue serait pourtant mieux indiquée, car la compagnie dispose déjà de toute l’infrastructure nécessaire à l’exploitation d’avions de ce type”, proposent-ils.
“Douze postes ayant rang de direction ; nominations sans procédure transparente d’appel à candidature ; cumuls de fonctions limitant l’efficacité opérationnelle ; suspicions de népotisme ; recrutements externes partisans en période de baisse de l’activité ; réorganisations aléatoires dont les objectifs ne sont pas expliqués au personnel”
