Déchu de son mandat de mandat en décembre dernier par arrêté préfectoral, Barthélémy Dias continue de contester cette décision. Pour l’ancien maire de Dakar, sa révocation est plutôt politique, citant le Code général des collectivités territoriales en son article 135 qui stipule qu’un maire ne peut être révoqué que par décret présidentiel, et seulement en cas de crime ou de faute grave, après une procédure contradictoire. Ce qui n’est pas le cas pour sa situation, a-t-il déclaré.
“Notre démocratie traverse une période troublée. Une période où les principes fondamentaux de l’État de droit sont mis à mal. La situation est grave. Alarmante.” C’est l’avis de Barthélémy Toye Dias, ancien maire de la ville de Dakar. En point de presse hier, de retour de sa tournée politique en France, le leader du mouvement Sénégal Bi Ñu Bokk, n’a pas fini de dénoncer sa révocation. “Les dérives que l’on constate, de plus en plus, sont préjudiciables à la consolidation de notre nation. Elles fragilisent nos institutions, elles minent la confiance des citoyens, et menacent notre cohésion nationale. Je veux vous parler de la révocation injuste dont j’ai fait l’objet”, regrette-t-il, 8 mois après cette décision actée par arrêté préfectoral, suite à la lettre d’un électeur Dakarois.
Seulement, aux yeux de Barthélémy Dias, c’est une révocation politique, illégale et arbitraire. À ce titre, il dira : “Le Code général des collectivités territoriales est pourtant limpide. Selon l’article 135, un maire ne peut être révoqué que par décret présidentiel, et seulement en cas de crime ou de faute grave, après une procédure contradictoire. Dans mon cas aucune condamnation pour crime, aucune audition, aucun décret présidentiel. L’arrêté préfectoral est donc nul en droit. C’est un excès de pouvoir. C’est une dérive grave. Et c’est aussi une atteinte directe à la volonté des Dakarois, qui m’ont élu au suffrage universel.”
“Un maire ne peut être révoqué que par décret présidentiel, et seulement en cas de crime ou de faute grave, après une procédure contradictoire”
Mais ce n’est pas tout. Pour Dias fils, il n’a jamais fait l’objet d’inéligibilité. “Contrairement à ce qui a été dit, je n’ai jamais perdu mes droits civiques. Aucune peine d’inéligibilité n’a été prononcée. Là aussi, le droit est clair. L’article 136 du CGCT précise que seule une révocation par décret entraîne la perte du mandat. Et ce, à compter de la date du décret. Or, ce décret n’existe pas. Mon mandat est donc toujours valable. Toute autre interprétation est une manœuvre politique, pas une application du droit”, a-t-il défendu.
“Contrairement à ce qui a été dit, je n’ai jamais perdu mes droits civiques. Aucune peine d’inéligibilité n’a été prononcée”
C’est ainsi que pour retrouver ses droits, il a introduit des recours, mais qui sont restés sans succès. “Le 16 décembre 2024, j’ai saisi, la Cour d’appel de Dakar, pour contester l’arrêté préfectoral. Et la Cour suprême, pour excès de pouvoir. À ce jour, aucune décision n’a été rendue. Huit mois après. Ce silence est injustifié. Il constitue un déni de justice, et une violation de la Constitution – qui garantit un pouvoir judiciaire indépendant. C’est aussi contraire aux textes internationaux, comme la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui garantit le droit à un jugement dans un délai raisonnable. Ce blocage de la justice ne peut plus durer”, prévient-il.
“Je le dis sans détour, je ne me bats pas pour un poste. Je me bats pour le droit. Pour la justice. Pour le respect du vote des Dakarois. Je me bats pour notre démocratie”
Dans la même veine, Barthélémy Dias dénonce ces qu’il a appelé atteintes aux libertés, à la justice, à la démocratie. “Aujourd’hui au Sénégal, des journalistes, des chroniqueurs, des citoyens sont arrêtés, jugés, emprisonnés… pour avoir simplement exprimé leur opinion. C’est une réalité choquante. C’est une violation flagrante de notre propre Constitution, à son article 8 ; du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ; et de la Charte africaine des droits de l’homme”, a-t-il rappelé.
C’est ainsi qu’il a déploré l’atteinte à la dignité humaine, après avoir constaté que des détenus malades sont maintenus en prison, et dont l’état est incompatible avec la détention, malgré les avis médicaux. “Le Code de procédure pénale sénégalais, à son article 139, autorise la liberté provisoire pour raisons médicales. Mais cela n’est pas appliqué. C’est une violation des droits humains fondamentaux, des Règles Mandela, du PIDCP, et de la Charte africaine. Notre justice doit rester humaine. Elle doit protéger, pas briser”, a-t-il plaidé.
Et afin que nul n’en ignore, Barthélémy Dias dira à qui veut l’entendre qu’il reste engager à rester debout, dans le respect des lois, au service de Dakar et du Sénégal. “Je me bats pour le droit, pas pour un fauteuil. Je le dis sans détour, je ne me bats pas pour un poste. Je me bats pour le droit. Pour la justice. Pour le respect du vote des Dakarois. Je me bats pour notre démocratie. Et je continuerai à me battre, dans la légalité, avec détermination, et avec foi en notre pays. Ce combat n’est pas seulement le mien. C’est celui de toutes celles et ceux qui croient encore au pouvoir du suffrage universel, à l’indépendance de la justice, à la liberté d’expression, à la dignité humaine.”
